Querbes et la liturgie

Source :
Courrier Querbes – Printemps 2010 – VIII,3 (PDF).

Enfant de choeur
L’enfant de chœur – huile sur toile de Chaïm Soutine

D’entrée de jeu, précisons que le P. Querbes n’a pas été un théoricien de la liturgie. D’ailleurs, le mot tel que nous l’employons n’était pas dans les conversations de son époque si ce n’est pour évoquer les rubriques du missel. C’est dans son rapport à la liturgie, au « culte » aurait-il dit, qu’il apparaît comme un visionnaire. Querbes a cru en la liturgie.

Comme tous les prêtres de sa génération, il sait « dire la messe » et « faire des cérémonies ». C’est ce qu’il a appris au séminaire. Il a surtout appris à en respecter scrupuleusement les règles pointilleuses. C’était là l’essentiel. Mais il le fait bien. N’oublions pas qu’il est formé à Saint-Nizier, d’abord à l’école cléricale ouverte dans les combles de l’église – il sera de la première mouture avec une quinzaine de gamins -, ensuite pendant son « stage pastoral », puis comme vicaire. Si la paroisse a ses zones grises, c’est aussi un milieu huppé. Comme à la primatiale Saint-Jean, le rite lyonnais avec la concélébration et les raffinées chorégraphies des céroféraires y est de rigueur.

Mais Vourles n’est pas Saint-Nizier, même si de célèbres et fortunés Lyonnais y ont leur « maison des champs ». Querbes d’ailleurs en fréquente quelques-unes comme celle du peintre Bellecour, du « soyeux » Jaricot, frère de Pauline, ou celle de son ami le maire Magneval. Son habileté en société n’est probablement pas étrangère à sa nomination comme desservant de la commune de Vourles.

Querbes, pasteur sensible

Tout de même, si Querbes sait faire bonne figure dans les salons, il est et sera toujours demeuré le pasteur sensible, intelligent et raffiné. Voilà ce qui aura permis la naissance et entretenu son souci liturgique. Mais il n’est pas qu’un esthète. Querbes n’aime pas que les belles cérémonies, il sait surtout ce dont elles sont porteuses. Très tôt il a soupçonné leur portée catéchétique et surtout leur capacité à nourrir la foi. Voilà ce en quoi il se distingue des prêtres de sa génération.

Catéchèse et liturgie

Quand il se retrouve à panser les blessures de la Révolution, l’éducation chrétienne des plus jeunes, même leur simple scolarisation, tout comme la rechristianisation des adultes s’imposent comme d’urgents besoins. C’est alors qu’il choisit d’investir sur deux terrains, celui de la catéchèse par le biais de l’enseignement et, ce sera son originalité, celui de la liturgie par la voie du culte. Les collaborateurs qu’il rêve de rassembler en association seront certes des enseignants mais d’abord et avant tout des lecteurs-maîtres-catéchistes et aussi des acolytes-sacristains-chantres à l’église qui verront au bon ordre des célébrations. Or ce sont des laïcs et ils se voient confier des rôles ministériels.

Parole de Dieu et participation active

Un pont est alors à se construire, ce qui entraîne des virages décisifs. La mise en contact direct avec la parole de Dieu dans son intégralité n’est pas la moindre, mais il est aussi une autre préoccupation qui habite le cœur de Querbes, celle de la participation active au culte. Convaincu entre autres, d’y parvenir par la musique et le chant, il se met rapidement à la tâche et publie, dès 1835, un premier recueil de cantiques.

Par ailleurs, il faut bien discerner ce qui lui est propre. Si son approche des questions liturgiques est limitée à celle de son époque et de son milieu, elle s’enrichit des intuitions dont elles sont porteurs. Au XIXe siècle, aller au-delà du rituel pour faire de la liturgie une assise à la spiritualité chrétienne, faire de la liturgie l’objet d’études théologiques ou porter le souci d’une participation active, étaient déjà dans l’air du temps. Cependant, le P. Querbes a des attitudes et des insistances qui lui sont propres et c’est là que s’esquisse le charisme dont nous sommes les héritiers.

A lire également